Dans l’ombre qui se glisse sous les rideaux opaques des paupières closes,
Je suis la nuit profonde et sans limites de tous les rêves.
Le battement imperceptible de cils, tel un big-bang provoqué par le vol léger des mille papillons de l’enfance, a fait naître du néant le grand cirque des migrations.
Mes peuples intérieurs dansent au-dessus des déserts, racines renversées.
Je suis le clown aux cymbales de braise et j’exhorte le cœur du temps à suivre le rythme de ma transe.
Je suis le Dionysos au nez rouge, à la robe d’agneau, provoquant les étoiles de mes sauts sans filet.
Mon audace n’a d’égal que mon éclat.
Mon chapiteau ne connaît ni bâche, ni droit d’entrée. Je suis libre !!
Rien ne m’entrave !
Rien ne m’enchaîne !
Je m’élance, tour en folie, laissant derrière moi les ordres en vrac
Des rois et des lois d’un espace trop plat.
Je saute par-dessus les toits de la ville.
A chacun de mes sauts, un clown se réveille dans le cœur des enfants.
Un enfant tend les bras pour cueillir une étoile.
Dans l’innocence insolente de mon rêve,
Je fais fait voler en éclats de couleurs, les contraintes étroites des formes de l’art.
Mon art est la vie même !
J’explose les teintes, illuminant les noirs d’étoiles d’une éternelle jeunesse.
Je suis comète fulgurante.
Je fais naître, du sang de la terre, le coq fier de son envol retrouvé.
Je suis la foi qui écarte d’un seul trait de pinceau l’écran des certitudes.
Tout est possible !
Je suis le saltimbanque des joies,
Le clown blanc des ombres,
Le funambule des aventures,
L’acrobate des ébats,
Le dompteur de l’irréductible angoisse,
Le Guillaume Tell des cibles invisibles…
Je suis le rêve dans le réel,
L’infini dans la limite.
Je suis la danse sans équilibre,
Je suis le cirque de la vie.
