Je me déverse sans retenue,
Rompant les digues de la raison.
Je me froisse à l’étroit
Dans l’étau du doute.
J’enchaîne le passé, le présent et le futur ;
J’emmêle et j’ébranle les pas sur le chemin.
Je me déchire dans les lambeaux de la mémoire.
J’engloutis le sens dans le gouffre de l’oubli.
Je me faufile aussi par le chas le plus serré des plus infimes et lointains souvenirs.
Et couds ensemble les pans épars d’une existence.
Je suis l’union indissociable des naissances, des morts et des vies.
Enroulement des cycles infinis.
Je m’envole dans l’instant où tout s’invente.
Je ne connais pas l’attente.
J’ignore l’immobilité de la peur.
Je repousse les limites de l’hésitation.
Pour m’avoir, il faut me prendre sans me posséder.
Juste me laisser passer et passer avec moi.
Je suis le temps.